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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 juin 1839

28 juin [1839], vendredi matin, 10 h. ½

Bonjour, mon petit bien-aimé, comment vas-tu mon amour ? Je t’aime, moi, voilà ma santé. J’ai une idée fixe, c’est notre voyage. Si le malheur voulait qu’il ne pût pas se faire, je crois qu’il faudrait me mettre en pension chez monsieur Triger. En attendant, je ne peux pas détacher ma pensée de notre sac de nuit et mon âme de votre âme. Il va pleuvoir atrocement, ce qui ne m’empêche pas de désirer être sur la grande route avec vous, même sans PARASOL. J’ai vu monsieur [Frêné  ?] aujourd’hui. Il voulait voir s’il n’y avait plus rien à faire à sa maison et si je ne demandais rien avant le départ définitif du maçon. C’est bien TRIMINEL ? Pourquoi n’êtes-vous pas là, ça ne me regarde pas d’abord et je me laisserai SÉDUIRE. Baisez-moi, vieux vilain et soyez très i. Je vous le permets, je n’entends pas parler du doreur ni de Jourdain encore une fois. Pour un rien j’enverrais tout au diable car rien ne m’ennuie plus qu’une chose qui n’en finita pas. Excepté l’amour, j’aime tout ce qui finita vite. Je vous aime, Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 47-48
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « fini ».


28 juin [1839], vendredia soir, 6 h. ¾

Si tu pouvais voir le fond de mon cœur dans ce moment-ci, mon amour, tu y trouverais l’amour le plus pur et le plus profond qui ait jamais existé. Si tu pouvais voir dans ma pensée, tu y lirais l’admiration et le respect de ta chère petite personne au plus haut degré. Enfin, mon cher bien-aimé, si tu étais en moi, tu n’aurais pas assez d’amour pour payer le mien et tu aurais la plus grande confiance dans ma fidélité. Je t’ai demandé, mon amour, à aller avec toi voir Hernani ce soir parce qu’après le bonheur d’entendre ta voix et de respirer ton souffleb, il n’en est pas de plus grand pour moi que de respirer ta belle poésie. Mais pour peu que cela t’inquiète une seconde, je me résigne, je ne veux jamais d’un plaisir qui te coûteraitc un chagrin ou même une légère inquiétude. J’ai vu M. Desmousseaux, il était chez Mme Pierceau lorsque je suis arrivée. Il a été indigné du procédé de Beauvallet et pense comme nous que ce n’est qu’une [lâche mauvaise  ?] volonté qui le tient. Quelle turpitude ! Et qu’il est bon de s’aimer comme nous le faisons, car tu m’aimes aussi, n’est-ce pas ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 49-50
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « samedi ». Corrigé d’une autre main.
b) « soufle ».
c) « coûterais ».

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