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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bruxelles, 21 juillet 1852, mercredi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon grand Victor, bonjour. Je t’envoie mon amour en guise de bouquet de fête parfumé de tout le bonheur de la journée d’hier, bonjour mon cher bien aimé, bonjour mon ineffable adoré, bonjour avec tous les baisers [saints  ?] de la famille absente, bonjour avec tous les vœux ardents des amies éloignées qui désirent ton retour, bonjour avec toute l’admiration, toute la reconnaissance, toute l’adoration des opprimés, des proscrits et des souffrants dont tu es l’espoir, la consolation et le médecin suprême. Bonjour. Puisses-tu tirer bien vite ton pauvre cher fils des griffes du hideux Bonaparte [1]. C’est la prière que je fais au Bon Dieu tous les jours depuis que je connais le danger qu’il y aurait pour lui à rester en France une fois ton livre paru. Il est impossible que ce brave garçon ne comprenne pas ce qu’il y aurait d’absurde à donner une si belle proie à cet immonde Bonaparte et ce qu’il y aurait d’affreux à t’en laisser l’inquiétude. J’ai bon espoir, mon Victor bien aimé, et tu sais que rarement mes pressentiments me trompent quand il s’agit de toi et de tout ce qui intéresse ton cœur. Le bon Dieu ne voudra pas me tromper cette fois encore, je l’espère de toute ma foi en sa bonté, de tout mon amour pour toi.
Cher petit homme, nous avons joliment bien fait de faire notre petite promenade hier car voilà le temps bien gâté. Et puis, mon doux adoré, je sens que tu as besoin de rabibocher Charles et de l’encourager dans son travail. Aussi je serai très contente que tu ailles avec lui à Waterloo puisque l’occasion se présente de faire cette partie à frais communs avec Lanvin et Luthereau. Je sens qu’il serait presque impossible ayant si peu de temps devant nous de songer à me faire faire cette partie, aussi j’y renonce en te priant de profiter de l’occasion avec ton bon Charles et puis je t’aime mon Grand Saint Victor et puis je t’adore mon petit Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16371, f. 183-184
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Après sa libération de la Conciergerie, le 16 avril 1852, François-Victor Hugo n’a pas rejoint son père à Bruxelles en dépit de la demande insistante de ce dernier. À Paris il vit auprès de sa maîtresse, la comédienne Anaïs Liévenne. Cette situation n’est pas sans inquiéter la famille et les proches.

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