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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 24 sept[embre] [18]79, mercredi matin, 6 h.

Cher bien-aimé, je ne sais pas de meilleur emploi de mon insomnie que de t’aimer à cœur perdu depuis le moment où je me suis couchée jusqu’à la minute présente où je viens de me lever pour te gribouiller mon tendre bonjour et pour disperser aux quatre vents de l’équinoxe toutes les billevesées de ma nuit. Puissent-ils ne me les rapporter jamais. En attendant je hâte de tous mes vœux le retour de tes chers enfants [1] pour ton bonheur, d’abord, et pour le mien, aussi, car ils me manquent presqu’autant qu’à toi. Et puis je crains qu’en l’absence de toutes distractions d’esprit et de monde tu ne t’ennuies, ce qui m’humilie et ce qui m’inquiète plus que je n’ose te le montrer. Enfin, mon pauvre trop aimé, je voudrais ne te montrer que des sourires et je me sens débordée par toutes sortes de vagues tristesses qui sont peut-être des pressentiments de nouveaux malheurs pour moi. Mais, quel que soit le sort réservé à mes derniers jours, je veux que tu saches que je te pardonne, que je t’aime et que je te bénis et que je mets mon âme sous les ailes de la tienne.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 226
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Le 10 août, Lockroy, qui a épousé Alice Lehaene, veuve de Charles Hugo, en 1877, est parti pour l’Italie pour des raisons de santé. Le couple a emmené avec lui Jeanne et Georges, les deux petits-enfants de Victor Hugo, qui souffre beaucoup de cette absence.

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