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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 avril [1839], mercredi matin, 11 h.

Bonjour, mon cher petit adoré, bonjour. Je suis levée, je t’aime, je t’adore. Pardonne-moi tous les blasphèmes de cette nuit, ceux que j’ai proférés et les tiens, car je suis plus coupable que toi puisque c’est ma méchanceté qui sort par ta bouche. Au reste, les amoureux qui n’ont pas de ces [crises  ?]-là sont très malheureux, c’est qu’ils ne s’aiment pas passionnément comme nous. Le soleil ardent amène les gros orages, l’amour profond les petites querelles. Donc je ne regrette pas celle d’hier puisqu’elle nous a prouvé jusqu’où nous nous aimions. Tu peux être sûr que si jamais tu mettais ton chapeau sur la tête comme un homme qui s’en vaa, vous n’en seriez pas quitte à si bon marché. Voyez plutôt : et dites-moia si vous auriez le courage de me laisser votre paletot vide dans les bras. Baisez-moi, vieux scélérat, et convenez que nous sommes très ressemblants et très i en tableaux. Il fait un temps ravissant mais je me donnerai bien de garde de vous demander à me faire sortir puisque c’est une raison pour me faire rester à la maison. Vous êtes une bête. Taisez-vous et baisez-moi. Je vous aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 61-62
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) Dessins :

© Bibliothèque Nationale de France

17 avril [1839], mercredi soir, [illis.] h. ¼

Je vous remercie, mon bon petit homme, de toutes les jolies choses que vous m’avez données aujourd’hui et surtout de la bonté et de la grâce ravissante que vous y avez mise. Merci, merci, je vous aime. Vous avez encore vu unea espèce de petit rat dans l’omnibus mais il était si petit qu’il peut à la rigueur passerb pour unec souris. Je voudrais bien, mon Toto, que vous fussiez assez bien inspiré pour ne pas travailler ce soir et venir souper chez moi. Nous n’avons fait qu’un demi souper la nuit passée et je compte sur un très prochain DÉJEUNER pour me rabibocher. Vous n’avez pas besoin de travailler la nuit, je me servirai de l’argent de Chapelle et j’en serai quitte pour lui donner 60 francs le mois prochain, ainsi, mon Toto, donnez-moi un peu de bon temps pendant que les trente francs dureront. Je vous assure que j’ai bien besoin de renouvelerd ma provision de bonheur qui est à sec depuis déjà bien longtemps. Vous vous êtes en allé par l’église, vieux sournois, mais je suis sûre que vous êtes revenu tout de suite sur vos pas et que vous êtes à l’heure qu’il est à dîner au milieu des vôtres sans plus penser à moi que si je n’existais pas tandis que moi [illis.]

BnF, Mss, NAF 16338, f. 63-64
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « un ».
b) « passé ».
c) « un ».
d) « renouveller ».

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