28 mars 1881

Paris, 28^a mars 1881, lundi matin, 8 h.

Mon pauvre cher bien-aimé, je ne sais que penser de ta nuit car je vois trop souvent que je prends mon désir pour une réalité et que je crois voir une bonne nuit là où il y en a une très mauvaise. J’attendrai avant de me réjouir par anticipation d’être certaine de ne pas m’être trompée comme hier.
J’espère, mon grand adoré, que tu n’attendras pas trop tard pour profiter du temps charmant qu’il fait aujourd’hui, sans préjudice pour le Sénat dont la séance publique est à deux heures.
A propos de Sénat, Magnin t’a écrit qu’il ne pouvait pas faire pour M^me Benderitter ce que tu lui demandais. Tu verras sa lettre que je t’ai mise de côté ainsi que celle très touchante de M^me Pelleport.
Je voudrais être à tantôt pour savoir de toi si tu as fait la grâce matinée comme je l’espère. En attendant je tâche de ne pas trop broyer de noir en même temps que je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16402, f. 64
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « 26 ».