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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 10 nov[embre] [18]79, lundi soir, 6 h. ½

Faute de pain on mange de la brioche [1], faute de restitus matinale on a le gribouillis le soir et voilà pourquoi ma plume n’est pas muette [2] ; ah ! Mais non, au contraire ! Cher adoré, je me suis levée tard, la blanchisseuse est venue tôt ; sans compter les mille petitesa anicroches d’une maison toujours ouverte pour tout et à tous. Enfin me voici arrivée à la fin des fins de mes embarras de charrettes et j’en profite pour te bâcher à chaux et à ciment toutes les tendresses de mon vieux cœur. J’espère qu’elles résisteront à tous les orages qui assaillirontb encore, hélas ! les dernières années de notre vie. Mon âme tremble en y pensant et je n’ose pas regarder en toi ni en moi de peur d’y revoir le passé et d’entrevoir l’avenir. J’ai peur ; rassure-moi. Je me sens prise d’une grande superstition ce soir, tâche de la dissiper en me souriant et en me bénissant comme je le fais pour toi en ce moment.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 271
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « petits ».
b) « assailleront ».

Notes

[1Allusion à une célèbre citation attribuée à Marie-Antoinette, qui aurait répondu à la famine des paysans en ces termes : « Ils n’ont plus de pain ? Qu’ils mangent de la brioche ! ».

[2Autre citation cryptée, du Médecin malgré lui de Molière : « Et voilà pourquoi votre fille est muette ! »

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