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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 30 juillet [18]79, mercredi matin, 7 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, j’espère que ta nuit a été aussi bonne que la mienne qui n’a rien laissé à désirer. Je suis déjà en quête du Sénat ; voici, jusqu’à présent, ce que je vois dans son compte-rendu : Séance Publique à deux heures (pas de bureau). Sommaire de la séance : neuf discussions sur des projets de loi d’intérêts publics, chemins de fer, chemins vicinaux, octrois, emprunt, etc. etc. Rapporteurs MM. Huguet, Chaummontel, Chaummontel, Sicotière, Sicotière, Fourcand, Sicotière, Lucet, Lucet, Toupet des Vignes, Varroy, Ronjat, Rozière. Les deux dernières discussions sont sur l’établissement des Écoles Normales en Algérie et sur l’enseignement supérieur en Algérie [1].
À toi à décider maintenant si tu iras à Versailles [2] tantôt. Quant à moi, je n’y vois pas d’urgence déclarée. Mais je me tiens prête à tout événement, trop heureusea de t’accompagner partout où il te plaît d’aller, et ailleurs.
Dès qu’il fera jour chez toi j’irai t’embrasser et te lire, si tu es réveillé, le sommaire par le menu, quoique ce régal n’ajoutera pas grand-chose à celui que je viens de te servir sommairement. Les lettres continuent à s’amoncelerb dans mon secrétaire au point de ne savoir où les mettre. À ta place je prendrais un grand parti, celui de liquider tout cet arriéré après un grand triage, aidé de Lesclide, par une bonne flambée, car il est certain que tu ne pourras jamais répondre à chacune de ces lettres maintenant. Telle est du moins ma conviction que je te soumets ainsi que le reste, corps, cœur et âme. Je t’adore, je te souris, je te bénis.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 190
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « heure ».
b) « s’amonceller ».

Notes

[1À partir de la fin des années 1850, l’enseignement supérieur commence à se développer de façon informelle en Algérie : une école de médecine est créée à Alger par le décret du 4 août 1857, ainsi qu’une école de Sciences en 1868. En 1879, la présence d’écoles d’enseignement supérieur en territoire algérien est devenue un enjeu pour l’entreprise coloniale : il s’agit de franciser l’enseignement algérien en le rattachant à l’enseignement supérieur en métropole. Cette discussion aboutira à la loi du 20 décembre 1879, qui prévoit la création de trois nouvelles écoles spécialisées à Alger : l’École des Sciences, l’École des Lettres et l’École de Droit.

[2Le Sénat siège à Versailles depuis 1875. Il ne sera transféré à Paris qu’à partir du 3 novembre 1879, suite à la loi du 22 juillet 1879 relative au siège du Pouvoir exécutif et des Chambres à Paris.

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