Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1841 > Juin > 5

5 juin 1841

5 juin [1841], samedi soir, 7 h. ½

Toujours te désirer et toujours te regretter, mon adoré, voilà ma vie. Tes apparitions sont si courtes qu’elles irritent mes désirs de te voir plutôt qu’elles ne les calment. Je suis encore un peu plus enragée après qu’avant, voilà tout. Du reste le même isolement, le même vide, le même manque d’air et d’amour et la même difficulté de vivre sans toi, voilà ce qui compose mes jours et mes nuits. Quand ceci finira-t-il ? Jamais probablement, car tous les jours tes occupations et tes devoirs extérieurs s’accroissent au détriment de mon bonheur. Je ne t’en veux pas car c’est tout simple, seulement je sens bien que ton amour perd chaque jour autant de terrain dans ta vie que l’ambition et la gloire en gagnent. Mais je sais bien aussi que le jour où tu ne m’aimeras plus je ne vivrai plus. Il s’agit donc d’attendre jusque là comme je le pourrai en prenant soin de ne pas t’ennuyera de mes tristesses et de mon chagrin. Cela est plus difficile que tu ne pensesb. Mon adoré, mon adoré, reviens à moi comme autrefois. Je t’aime tant, je te rendrai si heureux. Reviens, reviens, je t’aime, je t’aime toujours plus. Ô reviens, reviens, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16345, f. 227-228
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « ennuier ».
b) « pense ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne