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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 avril, dimanche matin, 10 heures trois quarts [1841] [1]

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon adoré petit homme. Comment vas-tu mon chéri ? Je crains que tu ne te sois fatigué cette nuit en me lisant ton admirable discours ; pauvre bien-aimé, ce serait affreux que mon bonheur te coûtât aussi cher, ce serait mille fois injuste et cruel. J’espère qu’il n’en sera rien, mon cher adoré, et que ta bonté n’aura pas tourné contre toi.
Quel admirable discours et combien je suis stupide de ne faire que le comprendre et l’admirer en dedans sans pouvoir le montrer au dehors autrement que par des grognements inarticulés. Ce n’est pas ma faute, mais je n’ai pas encore eu le temps, depuis que je t’aime, de me résigner à ma stupidité et chaque fois que l’occasion se présente de t’admirer je suis furieuse contre moi et je me donnerais volontiers des griffes et des grands coups de pied ; il est vrai que mon pauvre corps ne démeurtrirait pas, car tout ce que tu dis, tout ce que tu fais, est aussi admirable et aussi saisissant que ce que tu écris ‒ ainsi j’aurais fort à faire depuis le matin jusqu’au soir. Heureusement tu ne tiens pas compte de ma stupidité, tu sais que je t’aime et comment je t’aime ‒ toute mon intelligence, tout mon être s’est fait âme pour t’aimer de sorte qu’il ne reste plus personne pour le dire. Je suis bête comme une oie au dehors, mais je suis sublime d’amour au-dedans. Lequel vaut le mieux, je ne le dis pas, c’est à toi à décider. En attendant je suis la plus heureuse des femmes d’avoir entendu le commencement de ton beau discours et je t’aime de toutes mes forces.

Juliette

[Guimbaud]

Notes

[1Louis Guimbaud, Victor Hugo et Juliette Drouet, d’après les lettres inédites et avec un choix de ces lettres, Paris, Auguste Blaizot éditeur, 1914, p. 375-376.

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