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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 mars 1838

18 mars [1838], dimanche midi

Bonjour, mon cher adoré, bonjour, ma vie, bonjour, mon âme. Comment vont tes yeux, comment va toute ta chère petite personne bien-aimée ? Je pense toujours à toi, je t’aime toujours plus quoique je ne t’aie jamais aimé moins qu’à présent. Tu es mon Victor adoré. Tu es ma religion, mon Dieu, je ne crois qu’en toi. Je voudrais te voir. Après t’avoir donné mes pensées et mon âme, je voudrais te donner mes baisers.
Je me suis couchée assez tard cette nuit. Grâce à ma maladresse, j’ai cassé en mille miettes le verre dans lequel tu venais de boire. Il m’a fallu en ramasser les morceaux avec soin, ce qui m’a tenue assez longtemps. Enfin j’y ai réussi en m’en enfonçant quelques-uns dans les doigts, et puis je me suis couchée. Je le regrette moins que je ne l’aurais fait parce qu’avant de le casser, je l’avais consacré en cherchant la place où tes lèvres avaient touché pour y mettre les miennes. C’était l’extrême onction que je lui donnais avant de le tuer et quoi qu’il devienne maintenant, il n’en sera pas moins un souvenir d’amour dans mon cœur. J’ai reçu une lettre que je n’ai pas décachetée, bien entendu. Je vous attends pour cela et puis je te désire pour l’amour et le bonheur, à bientôt.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 162-163
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

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