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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 juillet [1836], lundi matin, 9 h. ½

Bonjour mon petit homme bien-aimé. Tu as donc bien travaillé hier et cette nuit mon pauvre bijou [ que  ?] je ne t’ai pas vu du tout. Au moins pourvu que je te voie aujourd’hui. Je serai joyeuse mais si tu ne peux pas venir je serai triste sans t’en vouloir car je sais que tu travailles.
Mme Pierceau s’est en allée hier soir à 9 h. ½ et Claire est retournée ce matin à sa pension de très bonne heure. Je suis encore une fois tout à fait seule. Je ne m’en plaindrais pas si j’étais sûre que tu viendrais mais malheureusement rien n’est moins sûr.
Je vais travailler aujourd’hui au rangement définitif de mes papiers. J’espère que cette occupation me rendra mon mal de tête que j’ai déjà un peu. Il faudra aussi que je me décide à faire venir le médecin pour le traitement que je veux suivre pendant qu’il fait beau puisqu’en hiver on ne peut pas le faire.
Je t’aime mon cher petit Toto, je suis bien triste quand je crois que tu ne viendras pas. Mais je suis bien résignée parce que je sais que tu travailles et que cela te trouble quand je m’impatiente et que je pleure. Je t’aime mon amour, je t’aime mon Toto, je t’aime mon Victor.

Juliette

BNF, Mss, NAF 16327, f. 178-179
Transcription de Nicole Savy


25 juillet [1836], lundi soir, 6 h. ¾

Mon très cher adoré, voilà bien longtemps que je ne t’ai embrassé et je m’en aperçoisa à la grosseur démesurée de mon cœur et à la tristesse qui me tient. Encore si je pouvais savoir si tu viendrais aujourd’hui je tâcherais de prendre mon mal en patience. Mais point, j’attends sans cesse et je désespère toujours.
Depuis hier j’ai presque passé en revue tous mes créanciers. J’ai vu aujourd’hui MM. François et Girard à qui j’ai donnéb les raisons que tu connais, ce qui a paru les contenter médiocrement mais à l’impossible nul n’est tenu. C’est ce qui fait que je me crois dispensée de leur donner le moindre argent d’ici à longtemps.
Mon cher bien-aimé tout cela ne me dit pas quand je te verrai, tout cela ne fait pas que je t’aime moins au contraire, donc j’ai plus besoin que jamais de te voir. Si tu n’as pas les fers aux mains et encore plus aux pieds je te prie de venir tout de suite pour que j’aie un moment de bonheur avant de dîner, et après avoir dîné tu reviendras me donner le bonsoir, ce sera encore le bonheur dont je ne me lasse jamais. Ce n’est pas comme des journaux, ouf quelc assommoird que des vieux journaux en tas, je n’ai pas encore fini mais je m’interromprais bien avec plaisir pour vous baiser mon Toto sur tout votre joli petit corps.

Juliette

BNF, mss, NAF 16327, f. 180-181
Transcription de Nicole Savy

a) « apperçois ».
b) « données ».
c) « quelle ».
d) « assomoir ».

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