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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bruxelles, 18 septembre [18]67, mercredi matin, 8 h. ¾

Bonjour, mon cher adoré, et joie et bonheur si tu as passé une aussi bonne nuit que moi. J’ai toutes les peines du monde à te gribouiller ces pauvres tendresses avec cette hideuse plume en fer dont je ne sais pas me servir, ce qui m’agace au dernier point.
Sera-ce aujourd’hui la promenade avec ta femme ? Le temps est beau surtout dans le milieu de la journée. Le soir, il est déjà trop froid et trop brumeux pour moi. Il est vrai que ce n’est pas une raison pour vous priver d’une partie de clair de lune dans le bois de la Cambre, si cela vous est agréable.
Il y a eu hier deux mois que nous avons quitté Guernesey et il me semble qu’il y a déjà plus d’un an. Mais dès que je reverrai les moulins de l’Ancressea [1], cela me fera l’effet de ne les avoir quittés que de la veille. Tel est l’effet d’optiqueb pour les choses qu’on aime, qu’on quitte et qu’on retrouve. En attendant que nous retournions là-bas, j’ai presque trop acoquiné mon cœur à ce cher petit vieux bonhomme [2], si digne de ce nom, et je sens que je perdrai quelque chose de très doux en le quittant. Heureusement il s’en fiche et je l’approuve et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16388, f. 230
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « l’Ancresses ».
b) « telle est l’effet d’optique ».

Notes

[1L’Ancresse est un lieu-dit situé au nord de Guernesey.

[2Juliette surnomme ainsi Georges Hugo, alors âgé d’à peine six mois.

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