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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bruxelles, 13 septembre [18]67, vendredi matin, 8 h.

Ténèbres complètes, mon cher bien-aimé, il se prépare un gros orage car les éclairs se succèdent, les passants se hâtent et on ferme les portes et les fenêtres de l’hôtel de tous les côtés. Tout cela annonce une tripotée de première classe qui ne m’inquiète pas autrement puisque je te sais à l’abri de tout ce remue-ménage du bon Dieu. Quand je dis que je te sais à l’abri, je n’en suis pas sûre du tout à moins qu’on ait bouché toutes les lézardes et tous les trous qui laissaient filtrer l’eau dans ta chambre et jusque dans ton lit. Cette pensée me tracasse et me fait désirer la fin rapide de cette grosse pluie brutale. J’espère que tu as passé une aussi bonne nuit que la mienne et que ta fièvre n’a plus reparu. Je ne peux pas supporter l’idée que tu souffres et c’est par égoïsme que je te supplie de soigner ta santé qui est ma vie. Les journées me semblent bien longues à présent que je suis toute seule dans mon coin. La goinfrerie elle-même a perdu tout son charme et je n’ai plus de goût à rien depuis que tu n’es plus là pour stimuler mon appétit et ma gourmandise. On s’habitue vite au bonheur et mon cœur avait déjà pris le pli de te voir à tous les instants de la journée pendant cette ravissante mais trop courte villégiature de Chaudfontaine.

BnF, Mss, NAF 16388, f. 225
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

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