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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 janvier, mardi matin, midi ¾

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon cher petit soupçonneux, vous n’avez rien à craindre de moi, mon petit bien-aimé, je vous aime et je vous suis fidèle autant et plus que vous ne le désirez. Vous ne m’avez pas dit une parole d’amour cette nuit et vous aviez l’air furibond comme s’il y avait eu de quoi. En vérité, mon Toto, vous êtes souvent bien dur et bien injuste envers moi. Je ne vous en veux pas, mon petit homme, mais j’ai le droit d’en être triste. J’ai envoyé ce matin chez Mme Guérard qui est toujours dans la même position avec son mari : elle m’a écrit un petit mot par lequel elle me mande qu’elle a vu ta statue et qu’elle n’en est pas contente. Je voudrais savoir quela est ce nouveau portrait dont tu ne m’as pas parlé, peut-être me le diras-tu tantôt ? En attendant je te dirai pour nouvelle que le t que Mme Krafft ajoute à ton nom, Mme Guérard le supprimeb dès aujourd’hui, ce qui fait toujours le même compte de famille ne sachant pas l’orthographe de ton nom, ce dont rougirait un Flamand de Flandre. Je vais écrire tout à l’heure un petit bout de lettre à Mme Krafft pour savoir au juste si on peut se dispenser d’écrire ou s’il le faut absolument pour ravoir la robe.
Baisez-moi mon Toto et venez coucher avec moi puisque vous ne voulez pas que je veille. C’est le plus sûr moyen et qui me va mieux que l’autre. Pensez aussi que vous m’avez promis deux culottes d’ici à deux mois. Je voudrais en avoir une tout de suite pour me faire attendre patiemment la seconde. En attendant baisez-moi et aimez-moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16341, f. 78-79
Transcription de Chantal Brière

a) « qu’elle ».
b) « suprime ».


21 janvier, mardi soir, 5 h.

Bonjour mon petit Toto, bonjour mon bon petit homme. M’aimes-tu ? Je t’aime moi de toute mon âme encore. J’ai eu la visite de la maîtresse de piano de Claire tout à l’heure. Elle venait se plaindre à moi du peu de progrès de son élève et s’entendre sur les moyens de stimuler son application, récompenses et punitions comprises. Je lui ai dit que j’écrirai à Mlle Hureau pour qu’elle joigne ses efforts aux nôtres et puis elle s’est en allée. J’ai écrit tantôt une lettre à Mme Krafft que tu mettras toi-même à la poste. Je vais me mettre à ma copie aussitôt que j’aurai fini de t’écrire. Je ne suis pas sûre d’avoir assez d’huile pour passer la soirée mais dans tous les cas j’ai de la bougie. Il va falloira de l’épicerie, de l’huile, de la chandelle et de la bougie. Merci du peu. Et puis l’ancienne note à payer. Bravo ! Enfin ce n’est pas ma faute c’est tout ce que je peux dire pour ma conscience. Je t’aime mon Toto chéri, je t’aime. Pense à cela et à la solitude profonde dans laquelle tu me laissesb sans même venir comme autrefois cinq minutes dans la journée…… Je t’ennuie, je le sens, je voudrais me retenir mais je ne le peux pas. Tiens, c’est toi : tant mieux.

BnF, Mss, NAF 16341, f. 80-81
Transcription de Chantal Brière

a) « falloir ».
b) « laisse ».

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