2 juillet 1863

3 juillet 1863

Guernesey, 2 juillet [18]63, jeudi après-midi 1 h. ½

Tu me gâtes, mon pauvre bien-aimé, je ne mérite tout le COTON dont tu m’entoures comme un objet rare et de prix. Je t’aime plus dur que le fer et le diamant et toutes les aspérités de la vie ne sauraient rien changer dans mon amour. La voiture sera devant ma porte à quatre heures et moi je serai prête à la minute [1]. J’ai reçu une lettre de M. Kesler que j’aurais^a désiré te montrer pour savoir ce que tu penses de la proposition de six nouveaux stores qu’il m’apporterait lundi si cela nous convenait. En revenant, il me semble, a priori, qu’il n’y aurait aucun inconvénient à être au [illis.] sujet surtout si l’excédent peut trouver à se caser utilement chez toi. Tu en décideras tantôt car il faudrait que la réponse fût faite aujourd’hui même. Autre chose, Marquand m’a envoyé une soupière restaurée, et RESTAURATION monstrueuse d’ANGLICANISME, avec prière de lui dire ce que j’en pensais et le prix qu’elle pouvait valoir. Mon expertise a été bientôt formulée et on aurait pu avoir pour presque RIEN, RIEN, RIEN [illis.]. Du reste il paraît que sa pauvreté, heureusement imaginaire, ne l’empêche pas de courir toutes les ventes et d’entasser vieux tessons sur bâtons de chaise vétustes et le Pélion de la friperie sur l’Ossa [2] des culs de bouteille^b, sous prétexte de Saxe, de Cobourg, de l’Inde et de la Chine. Je ne l’en blâme pas, AU CONTRAIRE, seulement je constate les fluctuations de son dénuement aux prises avec ses ambitions d’antiquailles et je m’en tords dans mon antre, ce n’est pas défendu, j’espère, et je vous adore rubis sur l’ongle.