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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er juillet 1863

Guernesey, 1er juillet [18]63, mercredi après-midi, 2 h.

Tu as raison, mon cher bien-aimé, tu as raison et ce que j’ai de mieux à faire c’est de m’en rapporter uniquement à toi. C’est ce que je fais à partir d’aujourd’hui. Je suis trop heureuse d’ailleurs de me décharger sur toi de la responsabilité de notre bonheur. Je n’aurai rien à me reprocher dans le cas où tu ferais un coupable usage de ma confiance. Hélas ! cette consolation, si c’en est une, ne me console pas, je le sens d’avance, si je dois perdre une parcelle de ton amour. Je te laisse faire et je me laisse faire par l’impuissance où je suis de lutter contre des menées plus ou moins avouées ou avouables. Les forces me manquent pour les déjouer et j’assiste tristement et passivement aux efforts que tu as la générosité d’opposer pour moi aux tentatives faites sur ton cœur et par contre sur ta vertu. That is the question  ? dont Dieu seul connaît la réponse. Moi, je te le répète, je t’aime, voilà toute ma force et toute ma faiblesse. Je ne me fais pas d’illusion et je tremble à tous les vents de coquetterie et d’intrigue qui soufflent dans ta voile. J’ai le cœur serré et la tête un peu à l’envers en ce moment quoique je veuille te sourire avant de te dire le dernier mot de ce gribouillis qui commence bien et finira mieux encore en te donnant toute mon âme dans un seul mot : JE T’AIME, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime.

J.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 173
Transcription de Gérard Pouchain

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