5 mars 1836

5 mars [1836], samedi matin, 10 h. ½

Bonjour mon petit Toto, bonjour. Je t’aime comme jamais homme n’a été aimé. J’avais bien du bobo hier au soir voilà pourquoi j’étais si grognon, mais ce matin je vais mieux et je suis très gentille. Il est malheureux que tu ne sois pas là pour en juger et en profiter. Je tâcherai de conserver ma santé et ma bonne humeur jusqu’au moment où tu viendras. Dans tous les cas, je te promets de t’aimer de toute mon âme.
Bonjour mon petit Toto, j’ai passé la nuit avec vous, et mon autre petit Toto que je portais sur mes bras en le promenant dans toutes les rues de Paris. Vous voyez que je n’ai pas perdu mon temps dans le sommeil puisque je l’ai employé à vous aimer et à courir les champs avec vous. Mon réveil n’est pas aussi heureux car je ne sais pas à quelle heure je vous verrai, ni ce que nous ferons. C’est égal, n’importe l’heure à laquelle vous viendrez, n’importe l’occupation à laquelle nous nous livrerons, je suis sûre de vous aimer comme une bonne petite amoureuse.
Si vous venez très tôt, je vous permettrai de me chatouiller un peu.
J’espère qu’en voilà une prime qui enfonce un peu toutes les autres. Je vous aime, moi.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 167-168
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa