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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 12 octobre [18]63, lundi matin [7 h. ¼  ?]

Bonjour à travers vos vitres, mon cher petit homme, puisque vous ne vous décidez pas encore à ouvrir votre fenêtre. Comment cela va-t-il ce matin ? Comment la nuit ? Si je pouvais répondre pour vous selon le désir et le besoin de mon cœur je dirais : bien, très bien, good, der good, very good, very wel, bona, bonissima, et même bona BONHOMME. Mais comme cela ne peut rien du tout ni pour le passé ni pour le présent ni pour l’avenir je me contente [illis.] que tu me disais sérieusement si tu as bien dormi toute la nuit et si tu m’aimes comme je t’aime, c’est-à-dire uniquement, absolument et passionnément. C’est aujourd’hui que les travaux doivent reprendre [1] chez moi, mais jusqu’à présent je ne vois poindre aucun ouvrier à l’horizon. Il est bien fâcheux que Gore ne soit pas là pour [illis.] la besogne. Je crains qu’on ne fasse rien de bon, et même rien du tout, personne n’étant là pour travailler et pour diriger. Je regrette que tu [illis.] la Turpin car tous ces retards-là nous rejettent au plus vif de l’hiver. À ta place je l’aurais laissée venir ce matin, quitte à l’employera quelques heures chez moi à mes nippes personnelles en attendant que Gore vienne lui assigner son ouvrage là-bas. Tu as cru bien faire en la lâchant pour trois jours mais, je te le répète, tout cela nous retarde énormément et je ne sais pas quand nous pourrons ENTRER dans notre jolie petite maison. À ta place j’irais voir aujourd’hui le chef de Gore et j’exigerais de lui qu’il [illis.] dès demain reprendre la direction des travaux. Cela ne serait que juste et Gore lui-même n’avait pas prévu d’empêchement quand il t’avait répondu la première fois par un oui affirmatif ; donc l’embargo vient de son maître. Mais quelb stupide gribouillis je te pharagote ce matin sous prétexte de RESTITUS tandis que j’ai toutes sortes de choses plus intéressantes à te dire et qui ne peuvent pas attendre. Je t’aime, je t’aime, je t’aime, les battements de mon cœur font circuler ce mot-là dans tout mon être, il est mon sang, ma vie, mon âme.

J.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 222
Transcription de Gérard Pouchain

a) « emploier ».
b) « quelle ».

Notes

[1« Les ouvriers de Putron reprennent aujourd’hui le travail au n° 20 » (Agenda de Victor Hugo, 12 octobre).

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