Guernesey, 11 juillet [18]67, jeudi matin, 7 h. ¼
Toujours pas de chance pour moi le matin, mon doux adoré. J’ai beau épier de tous mes yeux et de toute mon âme ton passage sur ton toit tous les matins, il est bien rare que je t’y saisisse. Enfin c’est comme cela. Il faut bien que je m’en contente. Il paraît que tu as encore eu de l’insomnie cette nuit, mon pauvre adoré, mais cela ne me surprend pas avec tant de choses à penser et à faire qui te tiraillent l’esprit et le corps encore plus en ce moment-ci que les autres jours.
Je n’ai pas pu te demander hier si ton fils te priait d’amener ton chien et si tu avais décidé quelque chose à ce sujet. Il faudra aussi songer à préparer les coupons et à faire le dépôt des actions et de l’argenterie à la banque avant dimanche. Je t’en parle à présent puisque je ne te vois presque jamais seul. De même, je t’envoie en pattes de mouches tous les baisers que je ne peux pas te donner sur place et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 184
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette