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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 juin 1855

Jersey, 13 juin 1855, mercredi après-midi, 2 h.

Quel temps, mon pauvre petit homme, j’en suis toute désorientée. Ce n’est pas que je gagne beaucoup en temps de soleil car tu n’en viens pas davantage. Mais ton absence me paraît encore plus lugubre et me pèse plus tristement sur l’âme par cette température pluviarde et glacée que par la chaleur et le beau ciel. Tout cela ne m’empêche pas de t’aimer comme dans le Paradis mais je suis triste, triste, triste. J’ai besoin de me cramponner à tous les souvenirs heureux de ma vie depuis vingt-deux ans pour ne pas me laisser aller au découragement aujourd’hui. Mais toi, mon pauvre trop bien-aimé, tu ne t’aperçois probablement pas de l’état du ciel, ni de mon absence. Ton génie t’emporte dans des mondes plus intéressants, plus beaux, plus grands et plus curieux que celui-ci, à en juger par la sublime poésie que tu en rapportes et par la divine bonté dont tu es tout imprégné quand tu en arrives. Quel dommage que tu ne puisses pas me prendre sur tes ailes et m’emmener avec toi dans tous ces domaines du bon Dieu dont tu es l’éblouissant et splendide usufruitier. Il faut que je me résigne à t’aimer à terre, pendant que tu erres dans le ciel.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16376, f. 249-250
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

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