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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 février [1836], samedi matin, 9 h. ¼

Bonjour mon pauvre petit malade. Comment vas-tu ce matin ? Je crains que tu n’aies prolongé ton mal en travaillant cette nuit. Pauvre Toto adoré, je n’ai plus le courage de te dire toutes mes angoisses à ce sujet-là. Ce qu’il faudrait pour t’empêcher de te tuer pour moi, ce ne sont pas des paroles, je le sens bien, aussi je souffre de tes souffrances sans oser te plaindre, ni mea plaindre.
Je t’aime mon Victor bien aimé, je t’aime de toutes les forces de mon âme. Il y a bientôt trois ans que j’ai le bonheur de te le dire, mais il y a plus longtemps que je t’aime. Je t’aime depuis le jour où je t’ai vu, je t’admire depuis le jour où je t’ai lu. Mais s’il y a un commencement à mon amour et à mon admiration, je suis sûre qu’il n’y aura pas de fin. À moins que l’âme et l’intelligence ne périssent avec le corps. Autrement vous en avez pour l’éternité, de mon amour, ce qui vous effraie peut-être, mon cher petit volage. Mais prenez-en votre parti car ce sera comme cela.
Je vais me lever pour être prête lorsque vous viendrez me chercher. J’ai eu bien mal à l’estomac toute la nuit mais c’est un passé maintenant.
Et puis je t’aime.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 97-98
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) « me » est répété par inadvertance.


13 février [1836], samedi soir, 9 h.

Mon cher petit bijou, je vous aime tout plein et plus encore.
Vous m’avez joliment fait tourner en chien ce soir mais je vous pardonne. Je vous pardonnerai encore bien plus si vous venez très tôt à dix heures et demie. Je me sens dans de très bonnes dispositions ce soir, ainsi vous n’avez qu’à vous préparer à... bien des choses.
Je pense que nous sommes parfaitement en règle maintenant sauf les petites tribulations que nous aurons à supporter au fur et à mesure.
Je suis très fâchée que cette harpagone de propriétaire se soit arrangée ainsi. J’avais tant compté sur cet argent pour te laisser reposer un peu. On dirait vraiment que tous les diables s’en mêlent comme si ce n’était pas assez de notre position purement et simplement. Enfin, mon pauvre cher bien-aimé, je vais redoubler d’efforts pour économiser et mettre de l’ordre dans ma dépense. Tu vois au reste, mon pauvre petit adoré, que je ne recule pas devant la fatigue et la persévérance. Le secret de ma force et de ma constance est dans mon amour. Je t’aime mon Toto chéri, je t’adore mon Victor.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 99-100
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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