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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 14 décembre 1862, dimanche soir, 5 h. ¾

Cher adoré, je veux tâcher de joindre les deux bouts de ma restitus avant ton arrivée ; pour cela je m’épêche, JE M’EPECHE bride abattue. Je viens de faire mon lit dans la plus profonde obscurité. Maintenant je te gribouille mes pauvres petites tendresses en pleines lumières du feu et de la bougie allumés. Tu vois que je ne perds pas le temps depuis que tu m’as quittée. Il est vrai que je viens de faire provision de force, d’entrain, de santé et de bonheur dans la ravissante promenade que nous venons de faire. Tu vois aussi que je ne me fais pas prier dès que le temps le permet pour courir la campagne avec toi ; tu dois remarquer en outre que mes jambes ne sont pas encore trop rouillées et que je ne pile pas un fort poivre [1], mais ce que tu ne peux pas voir, c’est ma joie intérieure d’être avec toi, de respirer le même air que toi, d’admirer les mêmes choses et de sentir que je t’aime de plus en plus et que tu [es], et pour mon cœur et pour ma pensée, la création toute entière.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 269
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

Notes

[1« Piler du poivre » se dit, dans l’ancienne langue, pour piétiner ou pour toute forme comparable de mouvement vertical alternatif – sauter sur sa selle à chaque pas du cheval par exemple.

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