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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 26 octobre 1862, dimanche après midi, 2 h. ¾

Où es-tu, mon cher bien-aimé, et que fais-tu en ce moment pour que ma pensée et mon âme te trouvent sans te chercher longtemps ? Moi, je suis ici, non pas précisément à voir tourner mon ombre à mes pieds, mais à t’aimer et à regarder le soleil rayonner du haut en bas de ma petite maison. Tu feras bien d’en profiter, de ce beau soleil, mon cher petit homme, peut-être même si tu venais en ce moment ne résisterai-je pas à la tentation d’une promenade avec toi, dût à mon pied en bisquer affreusement. Mais il n’est pas probable que tu viennes avant ce soir et dans tous les cas que tu veuilles bien me traîner avec toi clopin-clopant. Aussi je fais de nécessité vertu et je me résigne à garder la maison comme une pauvre Cendrillon que je suis. Du reste, j’ai de quoi occuper mes loisirs forcés, sans compter les diverses lectures dont je dois te rendre compte le plus tôt possible, mais tout cela n’est que pour tuer le temps pendant ton absence. Ce qui me ravirait ce qui me comblerait au-delà de toute expression, ce serait de COPIRE pour vous ; hélas ! je suis remplacée, c’est fini, je ne suis plus bonne à rien qu’à t’aimer pour moi toute seule ! Mon égoïsme peut y trouver son compte, mais la dignité de ma vie y perd tout et je me demande si cela vaut la peine de t’imposer plus longtemps le fardeau de cette vie inutile.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 222
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

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