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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 27 septembre 1862, samedi matin, 11 h.

Me voici rentrée en possession de ma chère restitus [1], mon doux adoré, que je te dédie séance tenante y compris toutes mes pensées, tout mon amour, tout mon cœur et toute mon âme, en dépit de toutes les choses tristes et nauséabondes qui s’agitent autour de nous en ce moment. Il est impossible, mon bien-aimé, que tu ne sois pas en réalité tel que je te vois dans le mirage de mon adoration, c’est à dire saint et auguste au-dedans et au-dehors de toi. Mais ma conviction ne combat la calomnie qu’à trop courte distancea de mon âme à la tienne. Seulement, cela n’est peut-être pas suffisant pour ta dignité extérieure. Toi seul est juge de cela et je ne t’en parle que par occasion et avec une répugnance que tu dois comprendre et approuver. Dorénavant je ne veux plus rien savoir et rien entendre de tous ces odieux bavardages pour n’avoir pas à t’en souiller les oreilles. Je ne veux plus que t’aimer, t’aimer à genoux, te servir et mourir en te bénissant. Voilà toute ma tâche, elle est assez douce pour que je n’aie pas d’autre besoin ni d’autre ambition. Pense à moi, mon cher adoré, souris-moi et ne te soucie pas des lâches et sales injures de le boue et de la fange humaines.

Juliette

BNF, Mss, NAF 16383, f. 194
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
[Souchon]

a) « de distance ».

Notes

[1Juliette et Victor viennent de rentrer d’un voyage de deux mois au Luxembourg et sur les bords du Rhin.

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