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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 mars 1855

Jersey, 20 mars 1855, mardi après-midi, 1 h. ½

Quelle double bête je fais, mon cher petit Toto, de vous aimer sans rime ni raison, à perte de vue et d’haleine et de n’avoir pas songé à me faire donner hier avant votre départ de quoi reposer mon cœur aujourd’hui. Aussi me voilà comme une âme en peine, ne sachant où donner de la bride en vous attendant. Et pour comble d’embêtement, aujourd’hui, jour de poste, vous ne viendrez que très tard. J’avais envie de m’envoyer promener mais la crainte de réveiller mon guignon qui dort, je préfère rester chez moi jusqu’à ce que mort s’ensuive ou que vous veniez. J’ai fait toutes vos commissions hier et j’ai rencontré chemin faisant TOTO le PETIT [1] moins pressé que vous d’arriver à la dinde truffée au risque de faire crever sa pauvre oie de regret de la préférence empressée. Vous aurez, nous aurons nos souliers demain mercredi mais comme il faut les payer séance tenante, il faudra que vous me donniez de l’argent pour cela, vu que j’en ai à peine assez pour finir mon mois. Tout cela, mon cher petit homme, n’a rien en soi de bien folâtre. Aussi ce que vous en dis n’est que pour MÉMOIRE, de cordonnier. Sur ce je vous baise sans couture et vous aime sans quartier.

Juliette

BNF, Mss, NAF 16376, f. 121-122
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

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