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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 24 février 1861, dimanche, 9 heures du matin

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour et puissé-je n’avoir pas à me reprocher de t’avoir fait passer une mauvaise nuit par le mouvement d’impatience nerveuse que j’ai provoqué en toi, hier au soir, à propos de rien. J’aurais dû penser que cette impatience est le résultat même de ton indisposition qui est toute nerveuse et ne pas te contrarier. J’aurais eu bien du regret après, mon pauvre adoré, et je serais vraiment punie, bien au-delà de ma faute, si cela t’a fait passer une mauvaise nuit. Hélas, quand le saurai-je ? Pas avant deux heures d’ici c’est bien long et j’ai le temps de doubler et de redoubler mon inquiétude d’ici là, mon pauvre adoré, moi qui donnerais mon sang goutte à goutte et jusqu’à la dernière pour toi. Comment se fait-il que je te fasse du mal à propos de ta santé même ? En vérité, je ne le sais pas. Ce que je sais, c’est que j’en suis bien triste et bien malheureuse depuis hier et que je ne me pardonnerai que lorsque je serai sûre que cela n’a pas eu de suite, que tu as bien dormi et que ta douleur de gorge s’est dissipée. En attendant, je t’aime et je prie Dieu de te rendre la santé en la prenant dans ma vie même. Du reste, mon adoré, ne te préoccupe pas de moi dans les projets que tu fais et refais avec ta famille, pourvu que tu me promettes d’aller avec toi n’importe où et dans quelque condition que ce soit, je serai heureuse si je te ramène guéri. La question de Suzanne est si simple que cela ne vaut pas la peine que tu t’y arrêtes car je pense que le mieux est de ne pas l’emmener. Je tâcherai de n’en avoir pas besoin et j’espère n’être pas malade ainsi, mon cher petit homme, ne te fais pas un souci de ce qui n’existe pas. Va de toutes tes forces, va au plus vite, aime moi, pardonne-moi, souris moi. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 54
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette

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