Mardi, 2 h. après midi
Je viens de terminer mes comptes. Je suis à jour de ce côté. J’ai vua aussi la cardeuse de matelas. Je me suis arrangée avec elle le mieux que j’ai pu. Il serait à souhaiter que je puisse m’arranger aussi bien avec l’affreux rhume qui me tient. Je ne sais plus où me mettre, je pleure, je mouche, je tousse, je souffre, c’est charmant. Pour peu que cela continue, je serai fondue par le nez d’ici à ce soir. Encore, si tu t’étais arrangé pour me donner ta journée aujourd’hui, j’aurais moins souffert ou du moins, je ne l’aurais pas autant sentib. Mais tu ne sais rien faire à propos. Toi, tu es une grosse bête, plus grosse que l’éléphant et que Mlle George [1]. Si tu ne viens pas d’ici à bientôt, il [est] très possible que je me couche, car j’ai bien mal à la tête et je me sens bien mal à mon aise. Tu ne m’en veux pas si je ne gribouille pas davantage de papier. J’ai beaucoup de mal, mais je t’aime de toutes les forces de mon âme.
Juliette
[Adresse]
À mon cher petit Toto
BnF, Mss, NAF 16322, f. 251-252
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « vue ».
b) « sentie ».