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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 29 octobre 1858, vendredi matin, 8 h.

Bonjour, mon bon petit homme, bonjour, mon ineffable bien-aimé, bonjour, à tout crin et à tout vent ; à tout cœur et à toute âme. Il fait un froid de loup et je vous conseille de carguer toutes vos voiles et de rester bien blotti sous vos couvertures ce matin, surtout si vous êtes encore souffrant et si vous êtes allé chez les Duverdier hier. Quant à moi, qui me suis couchée à neuf heures et demie, je ne pouvais pas me tirer du lit à sept heures tant je m’y trouvais bien. Vous voyez qu’il ne me serait pas difficile de faire la paresseuse si je voulais. Mais je ne le veux pas, ne fût-cea que pour faire enrager le citoyen Quesnard, le démocrate marmotte de la proscription.
Cher bien-aimé, tout cela ne me dit pas comment tu vas ce matin et c’est pourtant ce que je désire le plus savoir, car je crains que cette recrudescence de froid ne te soit contraire. Pauvre adoré, voici le moment de bien veiller sur toi et de prendre toutes les précautions possibles pour empêcher le retour des affreux accidents dont tu as été victime toute l’année. Ainsi, toujours de bonnes chaussures, du bon feu où tu travailles et le moins de promenades possibles à la pluie et au brouillard. Ce sont des conditions indispensables pour te garder en bonne santé, mon cher petit homme, et tu serais bien coupable d’en négliger aucune. Quant à moi, je ne te laisserai pas tranquille chaque fois que je m’apercevrai de ta négligence. À ce sujet, tu vois déjà par ce rabâchage quotidien combien c’est peu amusant. Que sera-ce donc pour toi quand il sera permanent dans ma bouche ? Le seul moyen de le faire cesser et de me faire taire ce sera de bien te dorloterb et de bien te mijoterc le jour et la nuit. Quant au RESTE, nous verrons plus tard quel parti on peut encore en tirer. Mais le plus pressé pour moi c’est ta santé [plusieurs mots complètement illisibles]. Je t’aime.

Bnf, Mss, NAF16379, f. 305
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette

a) « fusse ».
b) « dorlotter ».
c) « mijotteré ».

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