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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 août [1844], vendredi matin, 11 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé adoré, bonjour, ma vie, bonjour, mon âme, bonjour, ma joie et mon bonheur, bonjour, comment vas-tu ce matin ? Tu ne dois pas avoir d’Académie aujourd’hui. Est-ce que je ne te verrai pas un peu plus qu’hier ? Ce sera bien triste et bien injuste car je t’aime de toutes mes forces et que je n’ai pas d’autre bonheur au monde que de te voir. Penses-y, mona Victor adoré, et tâcheb de me donner quelques bonnes petites minutes de ton temps dans la journée.
Il me semble que mon encre est bien pâle. Il est vrai que pour un style aussi coloré que le mien c’est toujours assez bon. Cependant, j’en vais faire acheter tout à l’heure pour toi de la neuve ainsi que des plumes et de la poudre.
Quel beau temps, mon cher amour, cela m’en fait venir mon jardin à la bouche. Je voudrais déjà y être. Même en hiver, cela sera charmant. Mon Toto chéri, je te remercie. Je t’aime, tu es mon pauvre homme généreux. Je t’adore à deux genoux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 109-110
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) Le mot est accidentellement répété.
b) « tâches ».


30 août [1844], vendredi soir, 5 h.

J’ai bien cherché, mon doux amour, et je n’ai pas trouvé ce que tu me demandes. Je n’ai aucun portefeuille du Rhin. Je n’ai que les trois premiers de nos petits voyages intérieurs. Quant à ceux de la Belgique, de la Suisse et du Rhin, et de l’Espagne, je ne les ai pas. Tu m’avais toujours promis de me les rendre et tu ne l’as pas fait. Tu vois aujourd’hui à quoi tu t’exposes, car il est probable que tu ne les trouveras pas chez toi. Je ne le souhaite pourtant pas, autant pour toi que pour moi, car rien ne me ferait plus de peine que de savoir ces petits portefeuilles perdus. Ce qu’il y a de bien sûr c’est qu’ils ne sont pas chez moi.
Clairette m’a écrit que les vacances commençaient demain. Elle prend Mme Marre à témoin qu’elle ignorait la semaine dernière quand commenceraient les vacances. Je l’enverrai chercher demain. Pauvre enfant, je n’ai pas le courage de les lui reprocher quand je pense que ce seront probablement les dernières et les entières. Car lorsqu’elle sera sous-maîtresse, elle ne pourra prendre que quelques jours de congé.
Je ne sais pas si tu pourras me faire sortir ce soir mais je suis tout à tes ordres. Je ne me coucherai pas et je garderai mon corset. Pauvre adoré, je ne compte pas pourtant que tu seras libre de me faire sortir ce soir. Seulement je serai bien heureuse si cela m’arrive. En attendant, je te baise depuis le petit bout de tes cheveux jusqu’à la petite pointe de tes chers petits pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 111-112
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

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