5 janvier 1879

Paris, 5 janvier [18]79, dimanche matin, 7 h. ½

Cher bien-aimé, je n’ai pas encore de nouvelles de ta nuit mais j’ai peur qu’elle n’ait été rien moins que bonne. Nous n’avions pas besoin pourtant de nouveaux soucis après ceux que nous venons de passer et dont j’ai encore le cœur tout meurtri [1]. Je compte sur ta bonté persuasive pour apaiser tout cet orage. En attendant le pauvre Talmeyra [2] m’a écrit qu’il vient de perdre son père. Dès qu’il pourra prendre sur lui de sortir il viendra t’offrir ses respectueux hommages. Je crois que je vais écrire un mot à Lesclide pour le prier d’inviter Mendès à dîner ce soir avec nous de ta part. Cela ne nous gênera en rien car je crois savoir que M^me Lockroy et les enfants dînent tous les dimanches chez M^me Ménard. Mais pour en être plus sûre je vais m’en informer.
J’espère que nous pourrons faire une longue promenade à pied aujourd’hui, les omnibus étant d’un difficile accès le dimanche. Il fait un temps exquis en ce moment. Pour un peu je prendrais mes jambes à mon cou pour courir la prétentaine. Mais j’ai mieux que cela encore à faire, c’est de voir si tu dors et si tu m’aimes.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 6
Transcription de Chantal Brière

a) « Talmeir ».