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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 juin 1858

Guernesey, 16 juin 1858, mercredi matin, 7 h.

Bonjour, mon bon petit bien-aimé, bonjour de toutes mes forces et de toute mon âme, bonjour tu n’as pas encore ouvert la caisse d’emballage dans laquelle tu dors mais je crois que tu as tort par la chaleur excessive qu’il fait ce matin. Je crains que tout ce plomb si près de ta tête, chauffé à blanc par le soleil, ne te fasse mal pendant ton sommeil. La prudence et l’hygiène voudraient que tu ouvrisses ta fenêtre tous les matins dès que le soleil paraît. En attendant que tu prennes mon conseil, c’est-à dire ma prière en considération, je t’aime dans mon petit coin au-delà de tous les degrés thermométriques. Je suis bien contente que tu aies fait cette politesse du dîner [1] aux Préveraud en général et surtout à Terrier en particulier qui t’est si sincèrement dévoué. Maintenant te voilà sur le velours de ce côté-là ainsi que toute ta maison. Tu peux donc te livrer sans remords à toutes les douceurs du bain de mer pourvu que tu n’y entres pas en sueur [2] ou trop près de ton déjeuner. Allons voilà que je recommence mon éternelle antienne des recommandations qui ne sert qu’à t’ennuyer plutôt qu’à te préserver de tout mal. Il vaudrait bien mieux pour toi et pour moi que je trouve la recette d’esprit qui te plairait et qui t’amuserait. Malheureusement c’est plus difficile que d’inventer l’anglais du soir au lendemain, donc je m’en tiens à mon amour qui me tient lieu de tout et de bien autre chose et je vous aime par-dessus la tête. Tant pire pour vous si cela vous embête mais je n’en démordrai pas, telle est ma force.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16379, f. 128
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « ennuier ».

Notes

[1La veille, Hugo a reçu chez lui les Préveraud et les Terrier comme il l’indique dans son agenda : « reçu à dîner les familles Terrier et Préveraud. Départ prochain de ces dames. »

[2Comme l’explique Jean-Marc Hovasse (ouvrage cité), Hugo a l’habitude de courir pour être en sueur, avant de se déshabiller, de plonger dans l’eau, faire quelques brasses, et revenir se sécher au soleil.

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