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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 18 avril [1] 1858, dimanche matin, 8 h.

Bonjour, mon pauvre petit souffrant, bonjour, mon cher adoré, bonjour. Comment as-tu passé cette nuit [2] et comment se conduit ton méchant bobo depuis hier ? Il m’a semblé voir à travers ta fenêtre hier au soir que tu ne te comportais pas comme d’habitude et que ta lumière restait immobile et sourde au fond de ta chambre. Est-ce que tu étais plus souffrant que tu ne me le disais, mon pauvre adoré, dans ce cas là, tu aurais mal fait de me le cacher car peut-être aurais-jea pu te soulager en te faisant faire un cataplasme tout de suite. Je sais bien que tu as Rosalie auprès de toi mais je revendique mon droit de te soigner, c’est-à-dire de t’aimer de toutes mes forces et de toute mon âme. Depuis ce matin, mes yeux interrogent ta fenêtre pour savoir ce qui se passe dans ta chambre et surtout dans ton maigre petit lit, mais en vain, elle reste muette et triste sous le brouillard. Dans une heure, j’enverrai Suzanne porter le journal pour demander comment tu vas. Si elle pouvait me rapporter de bonnes nouvelles, j’en serais bien heureuse, mon pauvre doux adoré, mais si tu continues d’être souffrant je ne sais pas ce que je deviendrai car ta santé, c’est ma joie, mon bonheur et ma vie. Je voudrais être plus vieille de deux heures pour savoir si je dois me réjouir ou m’inquiéter. Je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 81
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « aurai-je ».

Notes

[1Sans doute à cause de cette maladie, Hugo dans une lettre à Paul Meurice datée du 18 avril écrit : « Quant aux Petites Épopées, elles sont retardées par les incidents mêmes du travail et les volontés du souffle, flat ubi vult. »

[2Justement, Victor Hugo fait référence à cette nuit dans son agenda : « nuit du 17 au 18. Rêve. Spont. Voilà ce que c’est que l’excès de chasteté. »

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