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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 décembre [1848], jeudi après-midi, 1 h. ¾

Je suis un peu en retard, avec vous, mon adoré, c’est une représaille involontaire de tous ceux dont vous êtes coupable envers moi. Malheureusement cette vengeance me coûte beaucoup plus cher qu’à vous, aussi j’en use très sobrement et à mon cœur défendant. Il paraît que vous n’avez pas trouvé une pauvre petite minute hier entre l’Assemblée et la girardinerie [1] pour votre vieille Juju ? Je l’avais prévu, vous me l’aviez dit cependant j’en ai été triste comme si j’avais compté sur votre chère petite frimousse à coup sûr. Aujourd’hui nous allons, nous devons aller à l’Académie ? Est-ce qu’il n’est pas bientôt l’heure de te mettre en route. À moins que votre banquet socialiste ne s’y oppose. J’espère que je vais avoir tout à l’heure l’HEURE de vous voir. Quel BONNE HEURE ! Tâchez que ce soit tout de suite et je vous pardonnerai peut-être votre absence d’hier.

Juliette

MVH, 8140
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux


28 décembre [1848], jeudi après-midi, 2 h. ¼

Je t’attends, je t’aime, je bisque, et voilà. Quand tu voudras que ce soit autrement tu t’en dépêcheras, tu m’aimeras et tu me baiseras jusque-là. J’ai le droit d’être grognon et maussade et j’en use. Mon Victor aimé, mon adoré bien-aimé, je suis grognon, mais je t’aime, je suis maussade mais je t’adore. Je suis malheureuse mais je te souris. Je suis souffrante mais je te porte, quand tu voudras je serai très aimable, très gaie et très heureuse. Tout ce que je peux faire à moi toute seule c’est de t’aimer et Dieu sait si je le fais en conscience. Eugénie vient de venir me voir et tout de suite je lui ai donné de l’ouvrage. Elle me raccommode mes gants et ce n’est pas une petite besogne. Mais tout cela ne me distrait pas de mon idée fixe. Je veux vous voir, je veux voir Toto, Toto, Toto, qu’on me donne Toto ou la mort. Tant qu’on n’aura pasa satisfait à ce besoin effréné je ne serai pas contente et je crierai de toutes mes forces Toto, Totooooooob.

Juliette

MVH, 8141
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « Tant qu’on aura pas ».
b) Les o courent tout au bout de la ligne.

Notes

[1Néologisme créé à partir du nom d’Émile de Girardin.

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