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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 octobre [1848], mardi matin, 8 h. ½

Bonjour toi que j’aime, bonjour, vous, que j’adore, bonjour. Avez-vous jaboté hier à l’Assemblée [1] ? Je ne saurai cela que dans trois heures. En attendant je souffle dans mes doigts et je me morfonds dans ce hideux logement. Hier pendant que je faisais du feu dans le salon, j’étais obligée de tenir la fenêtre de ma chambre à coucher ouverte à cause de la fumée qui se transvase d’une pièce dans l’autre. Quant à la salle à manger il n’y a plus de poêle. Tu vois que l’habitation de ce logis n’est rien moins que sain et agréable, sans parler de l’affreux inconvénient de vivre à deux lieues l’un de l’autre, aussi je voudrais que ce bail fût signé et les ouvriers en train de me déménager pour calmer un peu mon impatience [2]. Malheureusement ce stupide commis n’en finit pas, c’est pour en mourir d’ennui et d’agacement. S’il ne vient pas ce soir il faudra que je retourne chez cette portière et que je montre les grosses dents car il m’est impossible de prolonger la situation plus longtemps. Mon bonheur et ma santé s’y opposent. En attendant, je te le répète, je souffle dans mes doigts et je grelotte à tous les vents qui sifflenta de toutes parts à travers les portes et les fenêtres. Il faudra diantrement m’aimer pour me rabibocher de tant d’onglées et de tant d’impatiences [rentrées  ?] pour être juste envers moi. Jusque-là je n’ai aucune compensation si ce n’est mon pauvre nez bleu, mes lèvres blanches et mes joues rouges.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 367-368
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « tous les vents qui siffle ».

Notes

[1D’après la chronologie de Jean Massin, Victor Hugo n’est pas intervenu à l’Assemblée la veille.

[2Juliette Drouet quitte la rue Sainte-Anastase pour la cité Rodier au cours du mois de novembre 1848.

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