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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 septembre [1848], mercredi matin, 8 h.

Bonjour, mon pauvre bien-aimé, bonjour, mon cher petit affairé, bonjour. Je t’aime de toutes mes forces et de toute mon âme. Je te remercie d’être revenu cette nuit, tout fatigué que tu étais, parce que j’aurais été trop inquiète et trop malheureuse de ton absence, ne sachant pas à quoi l’attribuer puisque tu m’avais promis de venir dans tous les cas. Mais je ne veux plus que tu prennes de ces engagements vis-à-vis [de] moi pour n’avoir pas l’ennui et la fatigue de les tenir quand tu trouveras dans la même position d’hier. J’aime mieux avoir la surprise de ta visite que la pensée que tu agites avec toi-même la question d’éluder une promesse que les affaires rendent souvent impossible. Aussi, je t’en prie, sans mauvaise arrière-pensée je te le jure, de ne plus t’engager envers moi. Au moins quand tu viendras je pourrai me dire que c’est VOLONTAIREMENT et non pour te dégager d’une promesse inconsidérée, et je n’en aurai que plus de joie et plus de bonheur. Cependant, je te remercie du fond du cœur d’être venu cette nuit et je baise tes pauvres petits pieds pour les délasser.

Juliette

Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/100
Transcription de Joëlle Roubine


27 septembre [1848], mercredi soir, 6 h. ½

Je rentre épuisée de fatigue, mon doux bien-aimé, car depuis que je t’ai quitté je cherche des appartements. J’ai pris quelques adresses afin que tu puisses me donner ton avis car jamais je ne me risquerai à prendre un logis quelconque d’après mes propres inspirations. Du reste j’ai acquis plus que jamais la certitude que les petits appartements ne sont pas diminués ou dans de si petites proportions que cela ne s’aperçoit pas beaucoup. Tu pourras en juger avec moi quand tu voudras. En attendant, ce que je fais là n’est guère utile car je ne peux pas m’entendre avec le propriétaire sur la difficulté du terme d’octobre à janvier avant de savoir si l’appartement en vue peut me convenir [1]. Je m’explique horriblement mal mais je me comprends. Je te dirai cela demain quand je serai un peu moins fatiguée. Pourquoi ne viendrais-tu pas ce soir ? Pourquoi ? Hélas, la réponse n’est que trop facile et je me la fais pour toi parce que tu as trente-six chiens à fouetter, parce que tu as des goinfreries dans tous les coins, parce que tout est plus amusant et plus aimable que moi, parce qu’en voilà bien assez comme cela, parce que je suis bête et parce que je t’aime trop. Toutes ces raisons jointes à bien d’autres font que je ne te verrai pas et que je me coucherai bien tristement.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 317-318
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Juliette Drouet pense devoir rester dans son logement de la rue Sainte-Anastase jusqu’au mois de janvier 1848. Elle emménagera néanmoins durant le mois de novembre 1848 à la cité Rodier.

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