Dimanche [1848], après-midi, 3 h. ½
Je t’attends, mon Victor bien aimé, en faisant plus que je veux de la patience avec mon impatience, du courage avec mon profond abattement et c’est te dire que tout cela fait une triste besogne et que j’ai bien besoin de ta collaboration pour me ragaillardir un peu. Je crains que tu ne m’oublies ou que les affaires n’aient le pas sur mon amour, ce qui a lieu tous les jours. Quelle quea soit la dose de résignation dont je sois pourvue il m’est impossible cependant de ne pas me révolter contre cet état de chose si contraire à tout bonheur….. Dieu voici l’ennuyeuse Mlle Féau !
4 h. ¼
Enfin la voilà partie ! Dieu soit loué car je ne sais pas comment j’aurais fait pour le supporter toute une soirée. Aujourd’hui surtout je suis plus agacée et plus nerveuse qu’un chien.
Mais mon Dieu, mon cher petit homme quand donc viendras-tu ? Voici la nuit et bientôt l’heure de ton dîner. Si tu ne viens pas à présent j’aurai encore à peine le temps de te voir c’est bien triste. Je voudrais ne pas insister autant sur mon impatience mais c’est que je ne peux pas faire autrement, pardonne-moi et plains-moi de t’aimer trop.
Juliette
MVH, 9034
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux
a) « Quelque ».
b) « j’aurai ».