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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 janvier [1848], mardi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon Toto adoré, bonjour mon doux bien-aimé, bonjour. Je suis tout grimaude ce matin sans savoir pourquoi à moins que la perspective de passer une partie de la journée dans les paperasses n’influe sur mon humeur d’avance et ne la rende maussade et triste par pure appréhensiona. Comment vas-tu toi, mon Victor adoré ? Bien je l’espère. Je suppose que tu auras passé ta nuit dans ton lit et sans la moindre BERGÈRE. D’ailleurs il faut en user modérémentb des bergères, même celles d’opéra les plus comiques. Un bon lit, les pieds bien chauds et le souvenir de la vieille Juju valent encore mieux à tout prendre que les bergères les plus moelleuses et les plus douillettes. Si vous étiez de bonne foi vous en conviendriez. En attendant tâchez de ne pas recommencer de sitôt le folâtre divertissement de samedi même sans bergère, je ne vous le pardonnerais pas. Sur ce baisez-moi et aimez-moi avec emportement je l’exige car je veux rattraperc tout le temps perdu.

Juliette

MVH, 7838
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « apréhension ».
b) « modérémment ».
c) « rattrapper ».


18 janvier [1848], mardi après-midi, 1 h. ½

J’ai enfin trouvé les papiers relatifs à cette hideuse Ribot mais je ne les ai pas encore visités. Il me suffit de savoir qu’ils sont là et qu’on peut les consulter quand on voudra. J’ai en outre trouvé un petit mot de Démousseau relativement à l’engagement que tu as pris avec elle mais cela n’indique pas les dates d’une manière précise [1]. Au reste tu le verras et cela te mettra peut-être sur la voie. En attendant je suis très contente d’avoir tiré du fouillis où était enfouiea cette affaire importante. Ce n’est pas sans peine et j’en suis encore tout abasourdie.
Mon Victor bien-aimé, mon pauvre amour adoré, je t’aime. J’ai le cœur plein de toi et la pensée remplie de ta douce image. Je te retrouve dans tous mes souvenirs et tu es la meilleures et la plus douce partie de mon être. Je t’aime de toutes mes forces, je te bénis de toute mon âme. Tu es le meilleur, le plus noble et le plus généreux des hommes, je t’adore. Encore une fois je te bénis. Je te l’ai dit bien des fois et je voudrais te le dire toujours.

Juliette

MVH, 7839
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « enfoui ».

Notes

[1En novembre 1827, Scipion Pinel signe plusieurs lettres de change en faveur d’une usurière pour couvrir Juliette Drouet – alors sa maîtresse – de cadeaux. En 1830, cette dernière s’engage à rembourser elle-même la somme de 8000 francs que doit son ancien amant. Apprenant les difficultés financières de sa maîtresse, Victor Hugo décide d’assumer seul ces dettes. En 1842, il s’engage à verser 40 francs par mois jusqu’en 1852 à l’usurière Ribot.

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