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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 janvier [1848], dimanche matin, 9 h. ¾

Bonjour, mon Toto, bonjour, mon petit homme, bonjour. Je vous demanderai compte de l’emploi de vos loges ce soir [1]. J’en aurais bien réclamé une pour moi mais comme il aurait fallu vous quitter je n’ai pas voulu. C’est déjà bien de trop d’être forcée de vous laisser seul par quand j’ai quelqu’un chez moi. J’ai déjà écrit à Madame Guérard pour la prévenir que je n’iraia pas avec elle à Hamlet [2]. Aussi je reviendrai mardi de très bonne heure. Vous n’aurez pas le temps de vous apercevoir si je suis sortie. En supposant que vous vous aperceviez jamais de mon absence. Voilà mon petit homme ce que je ferai mardi. Je voudrais qu’il n’y eût pas de Chambre ce jour-là afin de n’avoir pas le regret de ne pouvoir t’aller chercher. Cependant j’ai si peu de chance qu’il est probable que ce sera justement pour ce jour-là qu’on se réunira dans les bureaux. Nous verrons du reste peut-être à la rigueur pourrai-je y aller. Je n’y renonce pas encore. J’ai été bien maussade hier, mon Toto, mais c’est qu’en vérité ta commission arrivait mal. C’est toujours comme cela mais il est difficile pour une vieille rageuse comme moi de ne pas me rebiffer contre le guignon qui préside à tous mes mouvements et à toutes mes actions. En revanche tu es mon pauvre ange de patience et de douceur et je t’aime à deux genoux.

Juliette

MVH, 8040
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « irais ».


9 janvier [1848], dimanche midi

J’espère que tu n’iras pas ce soir au Théâtre-Français [3] ? Il ne serait pas juste que tu y ailles sans moi puisque dans la pensée que tu resterais avec moi ce soir je ne t’ai pas demandé de places pour Marion. Tu reconnaîtras que ce que je te dis est juste et tu ne me donneras pas le chagrin d’avoir fait ce sacrifice inutilement. Non pas que je veuille t’empêcher d’aller au théâtre chaque fois que tu le crois nécessaire à tes intérêts et que cela te plaît. Je te demande seulement de n’y pas aller sans moi. C’est une exigence que je ne peux pas ne pas avoir puisque mon seul bonheur est d’être avec toi partout et toujours. Tu sais bien que c’est vrai car jamais tu ne me vois rien désirer quand tu es auprès de moi. Par contre je suis horriblement jalouse de tous les moments que tu passes loin de moi je m’ingénie à me tourmenter et à supposer toutes sortes de vilaines choses dont malheureusement tu n’es pas assez incapable. Cette nuit encore j’ai fait des rêves hideusement significatifs. Tant que ce ne sont que des rêves je m’y résigne mais le jour où j’aurais la preuve de la plus petite réalité ce jour-là vous passerez un fichu quart-d’heure. En attendant je fais bonne garde et je vous prie de ne pas oublier que le médecin vient de quatre à cinq heures. Je veux vos quatre pattes blanches.

Juliette

MVH, 8041
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

Notes

[1Marion de Lorme est jouée au Théâtre-Français ce soir-là.

[2Hamlet de Dumas et Meurice est joué au Théâtre-Historique du 15 décembre 1847 au 11 janvier 1848.

[3Marion de Lorme est jouée au Théâtre-Français ce soir-là.

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