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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 mars 1848

3 mars [1848], vendredi matin, 8 h. ½ 

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour la lumière de mes yeux, bonjour le feu de mon cœur, la joie de mon âme bonjour, paix, gloire, santé et bonheur à toi et aux tiens. Comment vas-tu, mon doux adoré ? J’espère que d’ici à peu de jours tu seras assez tranquille pour pouvoir reprendre ton travail auprès de moi. Sans te dérober complètement aux sollicitations de toutes sortes, il faut pourtant profiter de ta position et t’y retrancher en laissant à ceux qui sont au pouvoir le soin de faire les affaires dont ils se sont chargés [1]. Allons voilà que je retombe encore dans mon rabâchage. Décidément la révolution ne m’a pas [fin de la lettre manquante]

MVH, 8048
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux


3 mars [1848], vendredi, midi ¼ 

Je voudrais bien que tu puisses venir auprès de moi de bonne heure, mon cher petit citoyen, car je n’ai pas d’autre joie au monde que celle de te voir. Je ne vis que pour te désirer et pour t’aimer. Tout le reste m’est profondément égal à moins que cela n’intéresse ta tranquillité et ton bonheur. Je pense que tu n’as pas d’Académie, pas de commissions des auteurs, rien enfin qui te retienne si ce n’est les visiteurs intéressés, plus qu’intéressants, qui affluent chez toi. Tu devrais bien profiter de ton double escalier pour te DÉROBER à ces importunités reconnaissantes et qui te prennent le meilleur de ton temps et le plus doux de ta vie. Je parle un peu pour mon saint en ce moment mais je ne m’en cache pas parce que je crois les intérêts de mon amour. D’accord avec les intérêts de ta tranquillité je voudrais te voir hors de toutes ces choses embrouillées auxquellesa tu ne peux rien dans ce moment-ci. Plus tard si tu veux tu pourras faire triompher les sublimes et généreuses idées que tu as et que toi seul peut mener à bien. Mais pour le moment je trouve que tu fais bien de t’abstenir. Tu vois que c’est une idée fixe chez moi de te parler de choses qui ne me regardent pas. Mais ma sollicitude pour ta tranquillité l’emporte sur le sentiment de mon ignorance et je te donne des conseils à tort et à travers comme je te couvrirais de baisers si je t’avais là. Moque-toi de moi, mon bien-aimé, je te le permets pourvu que tu m’aimes autant que je t’adore.

Juliette

MVH, 8049
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « auquelles ».

Notes

[1Jugeant le nouveau régime prématuré, Victor Hugo reste en retrait de la République durant les premiers mois de 1848. Il refuse le portefeuille de maire du VIIIe arrondissement que lui propose Lamartine et refuse de se présenter aux élections à la Constituante qui doivent avoir lieu en avril 1848, avant d’accepter d’être le candidat officiel de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.

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