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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 mars 1843

25 mars [1843], samedi matin, 11 h. ½

Bonjour, mon Toto bien-aimé, bonjour mon cher petit homme adoré. Tes pauvres yeux sont-ils moins malades ce matin ? Tu as encore beaucoup à travailler aujourd’hui mais il faut espérer qu’après aujourd’hui, tu te soigneras et tu te reposeras, enfin. Il faut bien aussi que toi, qui as tant de sollicitude pour ceux que tu aimes, tu en aies un peu pour toi.
J’ai hâte de savoir ta pièce publiée [1] pour te soigner et pour te dandiner dans mon lit. Tu verras, mon cher amour, comme j’aurai bien soin de toi. En attendant, il ne faut pas trop fatiguer tes beaux yeux, si tu peux, et te faire remplacer dans tout ce qui est lecture et écriture par moi et par Toto. Je ne dis pas moi toute seule parce que je ne sais pas assez écrire pour de certaines choses. Mais pour tout ce qui est possible, je suis trop heureuse que tu daignes m’en charger.
Je n’ai pas encore vu la mère Lanvin. Elle était bien souffrante l’autre jour. Peut-être ne pourra-t-elle pas venir aujourd’hui. Dans tous les cas, son mari viendra, je pense, voir s’il y a des places pour lui. Je ne partirai toujours pas, quant à moi, avant 7 h ½ ce soir pour te donner le temps de venir avec moi si tu peux. Quel bonheur si cette représentation de ce soir pouvait se passer comme la dernière ! Jusqu’à présent les représentations bonnes et mauvaises ont tellement alterné que je n’ose pas me fier d’avance à celle de ce soir. Je serais bien heureuse si je pouvais être sûre qu’elle sera aussi magnifique que la dernière. Beauvallet surtout m’inquiète plus que jamais [2]. Je voudrais être à douze heures d’ici pour savoir comment cela s’est passé.
En attendant, mon cher adoré, je te verrai bien un pauvre petit moment dans la journée pour prendre de la confiance et du bonheur dans un baiser sur ta belle bouche ? J’espère que tu viendras souper ? J’ai fait acheter ce qu’il faut pour ça. Tu auras une tasse de bouillon froid tantôt si tu veux. Tâche de souper ce soir auprès de moi.
Suzanne est la plus heureuse des servardes d’aller encore ce soir aux Burgraves. Elle y prend goût, comme tu vois. J’aime autant l’emmener que de la laisser flâner chez le portier ou sortir à droite et à gauche. Je suis plus tranquille et plus sûre d’elle de cette façon.
Toto je vous aime. Je vous aime mon petit homme, mon Victor, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 257-258
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Le 25 mars est la date imprimée de la Préface des Burgraves.

[2Juliette Drouet impute au jeu déplorable de Beauvallet dans le rôle de Job les déboires des Burgraves.

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