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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 septembre [1847], samedi matin, 7 h. ¾

Bonjour, mon toujours plus aimé, bonjour, vous, bonjour toi vieux Toto comment que ça va ? Si tu ne viens pas plus tôt aujourd’hui qu’hier, j’aurais bien de la peine à garder mon s……ourire. C’est tout ce que j’ai pu faire hier et Dieu sait si j’y avais du mérite avec les mille tirailleries qui me harcelaient tout le corps. Aujourd’hui je ne vais guère mieux, mais j’ai de plus une impatience de vous voir qui tournera facilement à la tristesse et au chagrin pour peu que vous vous fassiez attendre trop longtemps. Je crois que vous abusez un peu de la lecture du GROS LIVRET [1]. Je voudrais si c’était possible que vous lisiez un peu moins chez vous et que vous écriviez un peu plus chez moi, quoiqu’à vrai dire ce ne soit pas cette dernière occupation qui me soit précisément bien agréable. Mais comme je ne peux vous avoir qu’à cette condition il faut bien que j’en passe par là, et je suis trop heureuse quand vous voulez bien venir griffouiller de bonne heure sur ma table. Dépêchez-vous donc de venir s’il vous plaît et ne vous faites pas tant prier pour me donner ce pauvre petit moment de bonheur. Je vous dis que je le désire et que j’attends après de toutes mes forces.

Juliette

MVH, α 9004
Transcription de Nicole Savy


18 septembre [1847], samedi après-midi, 3 h. ¾

Je suis un peu comme le temps, mon Victor bien-aimé, il fait sombre, froid, il pleut, il vente et il fait du soleil selon que ma pensée va de moi à toi et de toi à moi. Dans ce moment-ci je ne saurais pas trop dire où est mon baromètre. Je crains que le variable de la journée ne se fixe au triste et au grognon pour le reste de la journée. Cependant il dépend de toi de venir faire le beau temps et le bonheur dans mon cœur, mais il faut te hâter car je suis bien au bout de ma patience et de ma bonne humeur. Dame, on le serait à moins, eût-on toute l’indifférence d’une huître et la patience d’un héron. Vous voyez du reste que je suis un peu ferrée sur les mœurs des animaux de tous les genres. Cette histoire naturelle que j’improvise pour les besoins de mon gribouillis n’est peut-être pas plus exacte que celle de M. de Buffon, du reste je vous la donne pour ce qu’elle est et sans vous imposer le moindre droit d’auteur. Quand on est aussi ennuyée que moi, on s’occupe peu des choses d’intérêt. D’ailleurs un peu plus ou un peu moins de générosité ne m’importe guère. Je vous donne ma science sans compter comme mon amour. Tirez-en le meilleur parti que vous pourrez pour vous et pour moi, c’est tout ce que je vous demande.

Juliette

MVH, α 9005
Transcription de Nicole Savy

Notes

[1À élucider.

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