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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 septembre [1847], samedi matin, 7 h. ¼

Bonjour mon petit Toto, bonjour envieux, bonjour jaloux, bonjour. Je voudrais pouvoir vous dire que vos dessins valent mieux que les miens mais la sainte vérité s’y oppose. Que voulez-vous vous ne pouvez pas tout avoir. Vous écrivez mieux que moi, il est juste que je dessine mieux que vous. Il faut en prendre votre parti, mon cher petit homme et ne pas vous rendre trop malheureux de ma supériorité dans le genre illustration. Peut-être qu’un jour viendra où vous pourrez lutter d’invention, de naïveté et de [fini  ?] avec moi. Mais pour le moment il faut savoir vous en passer sans crever de dépit et de rage. Je ne m’informe pas de mon cher petit convalescent [1] parce que je suppose que cela va toujours aussi bien que cela peut aller. Cependant je ne serais pas fâchée qu’un bon vent vous poussât jusque dans ma PIOLE ce matin pour en avoir des nouvelles fraîches et certaines. As-tu pensé à mettre la lettre de David à la poste ? Dans le cas où tu l’aurais oublié il ne serait plus temps de t’y faire penser et ma demande est parfaitement inutile. Je m’en aperçois que lorsque la bêtise est faite. Je ne peux pas me corriger de l’habitude de te croire présent quand je t’écris de sorte qu’au lieu d’une lettre c’est un bavardage que je te fais. Eh ! bien tant pire. Baisez-moi vous et aimez-moi jusqu’à la mort.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 200-201
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette


11 septembre [1847], samedi, midi ½

Croirais-tu, mon Toto, que je tremble de froid ? Cependant le soleil reluit sur la maison opposée mais la réverbération ne suffit pas pour réchauffer mon affreux NORD. Depuis ce matin je grelotte, quoi que je fasse pour me réchauffer. J’avais presque envie de prendre Suzanne et mes jambes à mon cou et d’aller marchander le pot en question toujours courant. Mais j’ai craint que tu ne viennes pendant ce temps-là et que tu ne saches pas ce que cette couraillerie inaccoutumée signifiait de sorte que je suis restée chez moi à me morfondre, tâchant de me réchauffer en soufflant un peu sur ton feu qui me paraît, lui aussi, être un peu plus froid que zéro. Je ne renonce pas à l’idée de posséder mon pot. J’enverrai Suzanne qui connaît la boutique savoir dans quel état il est et ce qu’on veut le vendre. Comme il n’y a que lui dans la montre il lui sera facile de le reconnaître et comme elle s’y connaît un peu et qu’elle saura le prix que je veux y mettre elle ne pourra pas faire de balourdise. D’ailleurs on le lui vendra toujours moins cher à elle qu’à moi. Je serais bien contente si elle me l’apporte mais je le serai encore davantage si tu viens de bonne heure et si ton Toto va mieux encore aujourd’hui qu’hier. Tu n’en doutes pas n’est-ce pas mon bien-aimé car tu sais combien votre santé et votre bonheur à tous est ma vie, ma joie et mon bonheur à moi. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 202-203
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

Notes

[1François-Victor se remet de la typhoïde.

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