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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 25 janvier [18]71, mercredi, midi ¾

Je viens de reporter Petite Jeanne, qui, décidément, m’a choisie entre toutes pour sa pissotière, à sa mère. J’ai rencontré là ton fils Charles et Rochefort qui m’ont appris la reddition de Paris d’après le dire même de Dorian qui était venu exprès la leur apprendre [1]. Ainsi tout est fini ! Il n’y a plus aucune espérance de secours à attendre d’aucun côté car il paraît que toutes les armées extérieures sont bloquées partout. D’après ce même Dorian Gambetta se serait très bien conduit. Tout cela demande confirmation mais la triste vraisemblance fait craindre, hélas ! que ce ne soit archi vrai. Quelles seront les conditions de cette reddition ? Nul ne le sait encore ; mais moi je sens plus que jamais que je veux vivre et mourir à tes pieds. Plus que jamais, aussi, je sens le besoin de me rapprocher encore plus près de toi. Maintenant que tes deux fils sont réunis sous le même toit est-ce qu’il ne serait pas possible que tu vinsses les rejoindre sans affliger P. Meurice [2] ? Dans les douloureuses circonstances où nous allons nous trouver il me semble que toutes les susceptibilités, même les plus tendres, comme les siennes, doivent s’effacer devant les dangers que tu peux courir et dont il assume imprudemment toute la responsabilité. Je sens à travers mon amour que mon conseil est sage et que ta liberté et ta vie seront plus en sûreté sous la garde de tes enfants et aussi un peu sous la mienne, si tu permets cette association, que partout ailleurs. Enfin je sens que je t’adore invinciblement.

MLVH Bièvres, 130-8-LAV-VH 40 a, b et c
Transcription de Gérard Pouchain et Florence Naugrette

Notes

[1« M. Dorian est venu ce matin voir mes fils au Pavillon de Rohan. Il leur a annoncé la capitulation imminente. » (Victor Hugo, Carnet, 25 janvier 1871).

[2Depuis son retour en France, Victor Hugo loge chez les Meurice. Juliette loge depuis le 26 septembre 1870 au pavillon de Brohan, 172 rue de Rivoli.

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