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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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15 juin 1847

15 juin [1847], mardi matin, 8 h. ¼

Bonjour toi, bonjour vous, bonjour, tout ce qu’il y a de plus doux, de plus grand et de plus charmant. J’espère bien ne pas vous manquer aujourd’hui. Je prends mes dispositions pour cela dès le matin. Je ne veux pas m’exposer par ma faute une seconde fois à la mystification d’hier, malgré la ravissante compensation que tu m’as donnée en quelques lignes. Aujourd’hui je veux être sous les armes bien longtemps d’avance et je n’aurai égard à personne de quelque part qu’elle vienne et quelle qu’ellea soit.
J’ai envoyé dans deux cabinets de lecture pour avoir La Presse ou Les Débats mais il a été impossible de me les procurer. Il faut que j’attende que tu me l’apportesb, ce qui ne fait pas le compte de mon impatience. Cependant j’attendrai puisque je ne peux pas faire autrement. C’est à toi si tu as du cœur et si tu veux ma natte à lit [1] de te dépêcher de me les apporter. Il faudrait aussi, mon bien-aimé, me donner ce petit mot pour Mme Triger aujourd’hui même, car son oncle n’a plus que trois ou quatre jours à rester à Paris. Et puis, surtout, mais bien par-dessus tout, il faut m’aimer et me baiser à tort et à travers de tout votre cœur et de toutes vos forces.

Juliette

MVH, α 7922
Transcription de Nicole Savy

a) « quelqu’elle ».
b) « l’apporte ».


15 juin [1847], mardi après-midi, 1 h. ½

Je t’attends doublement, mon bien-aimé, dans la [personne  ?] de ton discours que je voudrais lire, relire et dévorer. Je pense que tu ne peux pas tarder maintenant. Aussi je t’attends toutes voiles d’amour dehors. Voici l’heure de la Chambre, mais je crains que tu n’y ailles pas aujourd’hui et qu’il ne me faille attendre l’heure de l’Académie. Enfin cela ne m’arrangera pas car je trouve le temps depuis hier au soir beaucoup trop long et je ne saurais plus à quoi l’employer pour ne pas mourir d’ennui et d’impatience. Et, pendant que j’y pense, je te prierai, si cela ne te gêne pas, de me laisser prendre le pont Louis-Philippe et tout le quai de l’ombre jusqu’à la rue Guénégaud, à cause de mon horreur pour le soleil. Je suis sûre que ce sera la première chose que j’oublierai de te dire, aussi je prends le parti de l’écrire afin que tu sois prévenu pour l’avenir.
Je vous trouve un peu hardi de vous moquer de ma POLITIQUE. Dites donc, vous, j’en ai peut-être plus que vous de la politique et des PARAPLUIES. Plus souvent que je vous donnerai ma natte à lit. Viens-y polisson, tu verras ce que je te feraia.

Juliette

MVH, α 7923
Transcription de Nicole Savy

a) Autoportrait au parapluie :

© Maisons de Victor Hugo / Ville de Paris

Notes

[1Mystérieux objet de dispute amoureuse, sur lequel Juliette revient par la suite.

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