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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 novembre [1838], mercredi après-midi, 1 h.

Bonjour mon petit chéri, je suis bien heureuse mon petit homme que tu m’aimes. Je serai bien tranquille quand l’admirable vaisseau qu’on appelle Ruy Blas sera lancé [1] et voguera majestueusement sur une mer de bravos, laissant sous sa quille tous les goémons et tous les bancs d’huîtres de la critique.
J’ai vu Jourdain tout à l’heure qui venait probablement flairer une place mais qui n’a pas osé m’en demander, et à qui je n’en ai pas offert comme tu le penses bien. Je n’ai pas la moitié de mes Zaillons pour demain, et si la mère Kraft ne vient pas à mon secours, je ne sais pas comment je ferai, mais je veux monter à l’assaut en grand uniforme et comme il convient à une guerrière de cœur comme j’en suis une. Papa est bien i et bien adoré. Je voudrais bien le voir. Pauvre petit homme bien aimé si on donne ta pièce demain je ne sais pas comment tu feras pour suffire à tout ce qui te reste à faire. Je crains bien d’être la dernière et la plus mal servie.
C’est égal, je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 126-127
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette


7 novembre [1838], mercredi soir, 4 h.

Je vais tâcher de prendre un bain tout à l’heure, mon amour, parce que je suis un peu malade. C’est pour cela que je t’écris tout de suite afin d’être sous les armes ce soir, et n’avoir plus qu’à m’occuper des billets de Lanvin, et à t’aimer.
Je ne vois pas venir Mme Kraft. C’est vraiment farce. Je suis sans [illis.] soir, et endettée avec la bonne qui n’a plus d’argent non plus.
Cela se prépare bien pour demain : je viens d’envoyer la bonne chez Lanvin et chez M. [Jenesson  ?], en fait elle ira chez Mme Kraft et chez ma couturière.
J’ai un mal de tête et de reins qui me rend folle, je ne sais ni ce que je fais ni ce que je dis, je ne sais que ce que je sens. Je t’aime, je t’aime, et voilà tout, c’est peu de chose. Mme Kraft vient de venir avec l’argent. On ne lui a donné que 342 F. Tu t’en expliqueras avec Joly plus tard. Quant à présent j’empoche l’argent et j’ai déjà fait une brèche en priant Mme Kraft de m’acheter une paire de bas de soie pour demain.
Je vous aime de toute mon âme mon Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 128-129
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

Notes

[1La première aura lieu le lendemain.

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