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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 janvier [1839], lundi matin, 11 h. ½

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon amour. Comment vas-tu ce matin, mon adoré ? Je serai inquiète tant que je ne t’aurai pas vu, parce que tu paraissais fatigué, cette nuit, de la conversation avec ton frère et cependant tu as eu mille fois raison de ne pas consentir à ce qu’il te demandait cette fois-ci. Donne-moi tes petits pieds, mon adoré, que je les baise. Tu es au-dessus de nous tous et aussi haut que Dieu. Il y a des moments où je crois qu’il s’est fait homme une seconde fois dans ton éblouissante et merveilleuse nature, et je t’adore alors autant que je t’aime.
Je n’ai pas vu Lanvin ce matin quand il est venu chercher Claire. Il avait laissé à Suzette une lettre à toi adressée et que j’ai DÉCACHETÉEa. Elle contient un remerciementb et une demande de place meilleure que la sienne. Je ne sais pas si tu pourras t’en occuper dans ce moment-ci, où tu es accablé d’affaires et de soucis. Mon pauvre adoré, je le sens bien vivement, va, et je voudrais pouvoir me sacrifier corps et âme, si cela ne m’empêchait pas de t’aimer, pour t’épargner un ennui ou une fatigue. Jour, mon petit homme, je t’aime, va, je t’adore, mon Toto chéri.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 23-24
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « décachettée ».
b) « remerciment ».


7 janvier [1839], lundi soir, 5 h. ¼

Je me suis levée, mon petit homme bien-aimé, afina d’être plus à-même de vous tripoter quand, par hasard, vous venez me voir, car, depuis que vous avez un admirable paletot, vous ne vous approchez de mon lit qu’à une distance infiniment trop respectueuse. Pour vous ôterb tout prétexte de vous soustraire à mes caresses, je prends le parti de me lever, toute souffrante que je suis. La petite bonne de la mère Pierceau est venue chercher son eau de Cologne. En même temps, elle m’apportait les 4 mouchoirs que j’ai eu la satisfaction de payer tout de suite. Enfin, mon pauvre petit homme, tout acheté et tout payé, il me reste 20 francs sur les 100 francs que tu m’as apportés aujourd’hui. L’argent, chez moi fond comme du beurre à la poêlec, c’est effrayant. Il est grand temps, mon amour, que vous fassiez de moi une grande acteuse gagnant beaucoup d’argent. Mais en attendant, mon cher petit bien-aimé, je vous supplied de m’être fidèle et de ne pas aller ce soir au théâtre de la Renaissance et de ne pas oublier que je vous attends à souper ce soir de très bonne heure. Papa est bien i. Jour, papa, à ce soir, je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 25-26
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « à fin ».
b) « ôtez ».
c) « poële ».
d) « suplie ».

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