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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 septembre [1838], mercredi, midi ¼

Je suis bien grognon, mon pauvre adoré, mais je suis bien souffrante. Aussi pardonne-moi et pense qu’au milieu de toutes mes grogneries, il n’y a que de l’amour pour toi. Tu es mon bien-aimé ravissant, je voudrais baiser tes pieds. Claire est partiea presqu’aussitôt que toi. J’espère qu’elle trouvera son père quoiqu’il ne se fasse pas scrupule de la faire venir inutilement. J’ai demandé à Lanvin quelles étaient ses fonctions. Il n’en sait rien, on ne lui a dit que ses appointements qui sont fort peu de choses, entre nous soit dit.
Je vous aime, vous. Je suis très fâchée d’être grognon mais c’est pas ma faute, je vais tâcher de me corriger. Je vais aussi raccommoder votre gantb, ce qui doit me valoir de fameuses indulgences car c’est pas très amusant. De votre côté, mon petit homme, soyez très fidèle et venez le plus tôt possible me voir, même. Si vous étiez bien gentil, vous me mèneriez à Saint-Antoine ce soir. Cependant je vous tiens quitte du spectacle si vous voulez passer la soirée en tête-à-tête avec moi. Je vais faire tous mes efforts aujourd’hui pour me peigner et me débarbouiller, Dieu sait si j’y parviendrai. Donnez-moi votre nez tuméfié à baiserc et pardonnez-moi l’énorme coup de coude de ce matin. Je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 219-220
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « parti ».
b) Dessin d’un gant avec des points signalant des trous :

© Bibliothèque Nationale de France

c) Dessin d’une tête de profil avec un nez énorme et pendant :

© Bibliothèque Nationale de France

12 septembre [1838], mercredi soir, 5 h. ½

Je veux, mon cher petit bijou d’homme, vous écrire auparavant de prendre mon bain parce qu’après il sera trop tard et que je serai bien lasse. Après le fourbissage de Claire, ce que je demanderai à cor et à cria, ce sera VOUS et mon LIT ! Du reste cela ne vous empêche pas de venir. Vous lirez un peu en m’attendant, voilà tout. Vous ne serez déjà pas si malheureux. J’ai peut-être tort, ayant mal à la gorge et le temps étant très froid, de prendre un bain ? mais c’est que la crasse, c’est bien ennuyeuxb et bien dégoûtant à garder. J’aime encore mieux risquer de me faire du mal. Vilain Toto, vous ne savez pas comment je vous aime et vous ne saurez jamais toutes les admirables choses que je dis de vous à toute la nature, même à celle qui n’a pas d’oreilles. Si vous saviez cela, vous m’aimeriez peut-être un peu, ne fût-cec que pour me récompenser de mes luttes. Soir mon petit Toto. Je vais faire à souper pour vous dans l’espoir que vous viendrez le manger. Tâchez que ce ne soit pas de la fricassée et du bon amour perdu. Je vous aime de toutes mes forces, entendez-vous ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 221-222
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « cris ».
b) « ennuieux ».
c) « ne fusse ».

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