1er octobre 1857

Guernesey, 1^er octobre 1857, jeudi soir, 4 h. ½

Je vous donne mon cœur à main levée et le papier sur mes genoux, mon cher adoré, parce que je voudrais ne pas installer ma vilaine table avant la PRÉSENTATION officielle de Duverdier que QUESNARD [1] doit m’amener par les cornes demain ou après-demain dans l’après-midi. Du reste il, le QUESNARD, persiste dans son admiration enthousiaste pour tout ce que vous avez fait, y compris votre pierre autographe. Il a fort PRISÉ mon eau bénite….^a de cour. Bref il est parti SATISFAIT. Je crois que vous voilà, quel bonheur !!!!!!!^b, bonheur bien court et bien fugitif et qui ne remplirait pas la moindre de mes dents creuses. Cependant il faut que je m’en contente car je ne veux pas vous gêner dans votre liberté et surtout vous empêcher de prendre votre CENT ONZIÈME bain [2]. Allez donc, mon cher petit homme, et prenez un good bath. Je crois que le lucoot sera fini ce soir et j’en suis bien contente car je sens que tu dois être à bout de temps et de patience, mon ineffable bien-aimé. Aussi j’aspire pour cette raison plus encore que pour ma satisfaction personnelle à la fin finale de tous mes travaux. En attendant je te remercie et je t’aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 187
Transcription de Chantal Brière

a) Juliette note quatre points de suspension.
b) Les sept points d’exclamation courent jusqu’à la fin de la ligne.