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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 mai 1857

Guernesey, 29 mai 1857, vendredi matin 7 h ¼

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour, mon grand poète, bonjour, mon amour. Je ne sais pas qui vous avez rencontré hier au soir à la grille de l’avenue mais je sais que vous avez causé assez longtemps pour me faire regretter de vous avoir laissé partir si tôt puisque vous n’étiez pas plus pressé que cela d’aller trouver Mme Duverdier. Une autre fois, mon adoré, je tâcherai de vous garder tout pour moi. Sur ce, je vous permets de pioncer comme une marmotte jusqu’à l’heure du déjeuner.
Je n’ai pas encore pu parvenir à ajuster mon fameux air sur les nouvelles paroles (paroles, quel mot honteux pour désigner les plus adorables vers que tu aies faitsa. C’est absurde mais ce n’est pas tout à fait de ma faute). Je disais donc que je n’avais pas encore pu faire marcher d’accord la mesure de l’air avec la mesure de la poésie, ce qui tient probablement à mon ignorance profonde de la musique et plus encore à la vénération que j’ai pour tout ce qui vient de ton génie qui ne me permet pas d’en sacrifier le sens sous aucun prétexte. Toujours est-il que je chante par cœur la chanson sans pouvoir la chanter avec la voix. Peut-être qu’à force de désir et de patience je parviendrai à assouplir les articulations un peu rouillées de mon vieil air jusqu’à suivre dans tous ses mouvements gracieux ta poésie ailée. Je l’espère et je m’y applique en t’aimant de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 94
Transcription d’André Maget assisté de Florence Naugrette

a) « fait ».

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