12 mai 1857

Guernesey, 12 mai 1857, mardi après-midi, 3 h. ½

C’est peu de le dire et encore moins de l’écrire comme je fais, mon adoré, pour exprimer les phases d’embêtement hideux qui se succèdent dans ma maison au sujet de toutes mes bêtes, [ténérie  ?] comprise et comptant pour toutes et plus que toutes. Ce que cette bonne mauvaise fille me fait souffrir sans rime ni raison et au moment le plus imprévu est incroyable. Mais c’est assez te parler de mes tracas de domestiques, j’aime mieux te dire que je t’aime et que je t’attends depuis les pieds jusqu’à la tête. Ce n’est pas une raison pour que je te voie plus tôt surtout la veille d’une réjouissance publique et officielle comme au Moniteur, aussi, mon cher adoré, je prends mon cœur à deux mains et trois courages pendant tout ce temps-ci pour ne pas t’en faire une de SCIE de mon impatience, c’est-à-dire de mon amour. De ton côté, mon cher petit homme, pense un peu à moi, [plains  ?] moi comme un des petits œufs de ma poule et aime-moi beaucoup, ce ne sera pas encore assez.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 81
Transcription de Chantal Brière